Tous les Soucy d’Amérique sont apparentés. Qu’ils soient du Québec, de l’Acadie ou des États-Unis, les Soucy appartiennent tous à une même famille, la grande famille des Soucy d’Amérique issue des enfants nés de nos ancêtres Français Jean Soucy dit La Vigne et de Jeanne Savonnet.
Cet apparentement est bien plus proche que l’on peut imaginer au premier abord. Qu’il suffise de songer qu’au début de l’été de 1723, il y a tout juste 297 ans cette année (été 2020), tous les Soucy d’Amérique vivaient encore sous le même toit dans une petite maison située dans le premier rang de la Seigneurie de La Pocatière.
LA PETITE MAISON DANS LA GRANDE-ANSE
C’est dans la Seigneurie de La Pocatière, sur une concession située à 15 arpents au sud de l’embouchure de la rivière Saint-Jean dans la Grande Anse que se trouvait le noyau géniteur de toutes les familles Soucy d’aujourd’hui. Pour nous en convaincre, il suffit de remonter dans le grand arbre généalogique des familles Soucy d’Amérique depuis les tous débuts. Les archives de catholicité nous apprennent qu’au commencement étaient Jean Soucy dit La Vigne et Jeanne Savonnet, nos ancêtres Français. Ce couple figure à l’origine de toutes les familles Soucy d’Amérique. Ces ancêtres ont eu quatre enfants, dont deux garçons, Pierre et Guillaume, qui ont assuré une descendance patrilinéaire, le premier jusqu’à nos jours et le second jusque vers la fin du XVIIIe siècle.
GUILLAUME SOUCY : UNE POSTÉRITÉ INTERROMPUE
La descendance de Guillaume Soucy qui a toujours reposé sur un seul fils sur deux générations a fini par s’éteindre. Ainsi, la lignée de Guillaume fut de courte durée car son unique petit-fils Jean-Baptiste est mort sans postérité.
PIERRE SOUCY 1 : UNE POSTÉRITÉ ILLIMITÉE
Au contraire de Guillaume, Pierre Soucy, son frère, eut une descendance nombreuse. Pierre Soucy épousa Élizabeth Ursule Fouquereau à Rivière-Ouelle le 13 janvier 1699. De cette union sont nés 12 enfants, 7 filles et 5 garçons, parmi lesquels seulement trois d’entre eux ont eu une descendance qui a perpétué le nom de l’ancêtre. Ce sont Pierre2, Joseph1 et Jean François1. Il y a bien un cinquième fils, Jean-Baptiste1, le cadet des enfants, qui est né à La Pocatière le 26 janvier 1725 mais on ne lui connaît pas de postérité à la fin du Régime Français.
PIERRE SOUCY 1 : UNE POSTÉRITÉ ASSURÉE PAR TROIS FILS
La descendance de l’ancêtre fut assurée jusqu’à nos jours par trois fils:
Pierre Soucy (Marie-Jeanne Rousseau)
Il épousa Marie-Jeanne Michaud à Rivière-Ouelle, le 20 juillet 1723;
Joseph Soucy (Marie-Madeleine Mignier)
Il épousa Marie-Madeleine Mignier dite Lagacé à La Pocatière, le 7 janvier 1727;
Jean-François Soucy, appelé François, (Marie Claire Rousseau)
Il épousa Marie Claire Rousseau à L’Islet, le 3 juillet 1735.
LES TROIS DESCENDANCES ANCESTRALES
Considérant que les Soucy d’Amérique ont tous le même ancêtre français Jean Soucy dit La Vigne et le même premier ancêtre canadien Pierre Soucy, nous pouvons voir trois lignées descendantes subséquentes issues des mariages de Pierre à Élisabeth Ursule Fouquereau, de Joseph à Marie-Madeleine Mignier dite Lagacé et Jean François1 à Marie-Claire Rousseau.
Extrait d’un article rédigé par Alain L. Soucy (Membre 1), alors président, et publié dans le bulletin La Source, Édition d’avril 2005 (Épuisé – Numéro disponible pour lecture) et modifié par François-Régis Soucy (Membre 94), président depuis 2009, et Gaëtan Soucy (Membre 224), lors de la révision du site au mois de juillet 2020.
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Fiche familiale
de Pierre Soucy et d’Élisabeth-Ursule Fouquereau
Pierre est né le 13 avril 1673 dans la seigneurie de l’Ile-aux-Oies. Il s’est marié le 13 janvier 1699, à l’âge de vingt-cinq ans, en l’église Notre-Dame-de-Liesse, Rivière-Ouelle, avec Élisabeth-Ursule Fouquereau, âgée de dix-neuf ans. Elle est née le 22 août 1679 à Portneuf . Elle est décédée le 31 décembre 1758, à l’âge de 79 ans, à Rivière-Ouelle. Pierre est décédé le 7 janvier 1760, à l’âge de 86 ans, à Rivière-Ouelle.
Pierre Soucy et Élisabeth-Ursule Fouquereau ont eu douze enfants, sept filles et cinq garçons : Marie-Anne, Pierre, Joseph, Ursule, Marie-Madeleine, Angélique, Jean-François, Françoise, Catherine, Geneviève, Charles-François et Jean-Baptiste.
La famille de Pierre et d’Élisabeth-Ursule Fouquereau s’établir sur une terre dans la Grande-Anse, seigneurie de La Pocatière. Chanceux que nous sommes, grâce à l’engagement de l’Association des familles Soucy à un projet de marqueurs de famille sous l’égide de Passeurs de mémoire, Parcours Fil rouge, un marqueur indique le lieu de la terre ancestrale.
- Marie-Anne Soucy et Augustin Dubé
Marie-Anne est née le 18 janvier 1700 à Rivière-Ouelle. Elle s’est mariée le 7 janvier 1721, à l’âge de vingt ans, en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière, La Pocatière, avec Augustin Dubé, âgé de vingt-cinq ans. Il est né le 13 janvier 1695 à Rivière-Ouelle, fils de Mathurin Dubé et Anne Miville. Il est décédé le 12 novembre 1779, à l’âge de 84 ans, à Rivière-Ouelle.. Marie-Anne est décédée le 29 septembre 1785, à l’âge de 85 ans, à Rivière-Ouelle.
Marie-Anne et Augustin ont eu dix enfants, six garçons, quatre filles : Augustin, Marie-Josephte, Marie-Catherine, Marie-Angélique, Jean-Baptiste, Joseph, Louis, Marie-Madeleine, Charles et Zacharie.
Selon les actes de baptêmes des enfants, c’est à partir de 1730 ou 1731 que la famille de Marie-Anne et Augustin s’établit définitivement à Rivière-Ouelle.
- Pierre Soucy et Marie-Jeanne Michaud
Pierre est né le 7 février 1702 à Rivière-Ouelle. Il s’est marié le 20 juillet 1723, à l’âge de vingt et un ans, en l’église Notre-Dame-de-Liesse, Rivière-Ouelle, avec Marie-Jeanne Michaud, fille de Jean . Pierre est décédé le 27 mai 1764, à l’âge de 62 ans, à Kamouraska. Marie-Jeanne est inhumée le 10 avril 1770 à Kamouraska à l’âge de 80 ans.
Pierre et Marie-Jeanne ont eu neuf enfants dont cinq filles et quatre garçons : Françoise, Joseph-François, Pierre, Geneviève, Charles, Marie-Reine, Roch, Marie-Josephte et Marie-Catherine.
Pierre fut le premier de cette génération à s’établir à Kamouraska et y fonder une famille avec Marie-Jeanne Michaud, fille de Jean et Marie Suzanne Vaillancourt. De cette nombreuse famille, huit générations de Soucy vont vivre à Saint-Louis. L’un d’entre eux, Damase, venu de Saint-Alexandre, a continué d’exploiter au rang des Côtes la terre des Francoeur, ayant épousé Joséphine Guay, la veuve de Joseph Leclerc Francoeur. Damase décédé le 28 juin 1942, et son épouse le 11 août 1956, ont tous les deux été inhumés au cimetière de Kamouraska. Parmi les marguilliers de la paroisse, André Soussis fut élu pour l’année 1763, et Charles en 1769.
- Joseph Soucy et Marie-Madeleine Mignier dite Lagacé
Joseph est né le 19 juillet 1704 à Rivière-Ouelle. Il s’est marié le 7 février 1727, à l’âge de vingt-deux ans, en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière, La Pocatière, avec Marie-Madeleine Mignier dite Lagacé, âgée de vingt ans. Elle est née le 18 avril 1706 à Kamouraska. Elle fut inhumée le 4 janvier 1777, à l’âge de 70 ans, à Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Joseph est décédé le 21 juillet 1745, à l’âge de 41 ans, à La Pocatière.
Joseph Soucy et Madeleine Mignier dite Lagacé ont eu onze enfants, huit garçons et trois filles : Joseph, Jean-François, Marie-Françoise, Louis, André, Pierre, Marguerite, Prisque, Jean-Germain, Charles-François et Madeleine.
La famille de Joseph et Marie-Madeleine s’installe à La Pocatière (sur une terre que l’Association des familles Soucy n’a pas encore localisée), où tous les enfants naîtront.
- Ursule Soucy et Michel Migneault (Mignot dit Labrie)
Marie-Ursule est née le 28 janvier 1706 à Rivière-Ouelle. Elle s’est mariée le 26 octobre 1724, à l’âge de dix-huit ans, en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière, avec Michel Migneault (Mignot dit Labrie) fils de Jean-Baptiste Migneault et Marie-Sainte Boucher. Ursule est décédée en avril 1754, à l’âge de 47 ans, à Rivière-Ouelle. Michel est décédé à une date inconnue.
Ursule et Michel ont eu huit enfants, cinq garçons et huit filles : Marie-Ursule, Joseph, Marie-Anne, Marie-Josephe, Charles, Jean-Bernard, Joseph-François et Germain.
La famille d’Ursule et de Michel s’installe à La Pocatière (sur une terre que l’Association des familles Soucy n’a pas encore localisée), où tous les enfants naîtront.
- Marie-Madeleine Soucy et Guillaume Miville dit Deschênes
Marie-Madeleine est née le 20 janvier 1708 à Rivière-Ouelle.. Elle s’est mariée le 14 janvier 1726, à l’âge de dix-sept ans, en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière, La Pocatière (Québec), avec Guillaume (dit aussi Gabriel) Miville dit Deschênes, âgé de vingt et un ans, fils de Jean et Madeleine Dubé. Il est né le 7 mars 1704 à Rivière-Ouelle. Il est décédé le 10 février 1799, à l’âge de 94 ans, à Rivière-Ouelle. Marie-Madeleine est décédée le 2 novembre 1743 à l’âge de 35 ans.
Marie-Madeleine et Guillaume ont eu cinq enfants, 3 garçons et 2 filles : Marie-Josephe, François, Jean-Baptiste, Marie-Madeleine et Joseph-Marie.
La famille de Marie-Madeleine et de Guillaume s’installe à La Pocatière (sur une terre que l’Association des familles Soucy n’a pas encore localisée), où tous les enfants naîtront. À noter qu’après le décès de Marie-Madeleine, Guillaume se remarie à Marie-Anne Bouchard, veuve de Pierre-Joachim Lévesque avec qui il a eu quatre enfants. Le nouveau couple donnera naissance à quatre autres enfants.
- Angélique Soucy
Elle est née le 4 octobre 1710 à Rivière-Ouelle. Elle est décédée le 29 octobre 1710, peu après sa naissance, à Rivière-Ouelle.
- Jean-François Soucy et Marie-Claire Rousseau
Jean-François est né le 14 février 1712 à Rivière-Ouelle. Il s’est marié le 3 juillet 1735, à l’âge de vingt-trois ans, en l’église Notre-Dame-de-Bonsecours, L’Islet, avec Marie-Claire Rousseau, fille de Martin et Marie-Élisabeth Thibault. Jean-François est décédé le 8 septembre 1758, à l’âge de 46 ans, à Rivière-Ouelle. Marie-Claire est décédée le 31 mai 1797, à l’âge de 82 ans, à Saint-François-de-la-Rivière du Sud.
Jean-François Soucy et Claire Rousseau ont eu dix enfants, sept garçons et trois filles : François-Marie, Marie-Claire, Joseph, Basile, Jean-Charles, Catherine, Marie-Josephte, Pierre, Ambroise et Cyriac.
La famille de Jean-François et Marie-Claire s’installe probablement à La Pocatière sur une terre que l’Association des familles Soucy n’a pas encore localisée. La famille ira par la suite s’établir à Rivière-Ouelle puisque que les trois derniers enfants à naître, Pierre, Ambroise et Cyriac, sont baptisés à cet endroit.
- Marie-Françoise Soucy et Jean-Bernard Miville dit Deschênes
Marie-Françoise est née le 28 janvier 1714 à Rivière-Ouelle. Elle s’est mariée le 23 novembre 1733, à l’âge de dix-neuf ans, en l’église Saint-Roch-des-Aulnaies, avec Jean-Bernard Miville, né le 20 février 1711, fils de Jean et de Madeleine Dubé. Marie-Françoise est décédée au mois de décembre 1796 à Kamouraska. On ne connait pas la date du décès de Jean-Bernard mais il serait décédé après 1762 et avant le décembre 1796.
Marie-Françoise et Jean-Bernard ont eu neuf enfants, trois garçons et six filles : Joseph, Madeleine, Marie-Geneviève, François-Marie, Augustin, Marie-Françoise, Marie-Joseph, Thérèse et Angélique.
Cette famille s’est sans doute établie à Rivière-Ouelle au début mais nous la retrouvons à Kamouraska où la majorité des filles qui se marient le font en l’église Saint-Louis de Kamouraska, sauf Thérèse qui se marie à Repentigny.
- Marie-Catherine Soucy
Marie-Catherine est née le 27 avril 1716 à Rivière-Ouelle. Elle s’est mariée le 17 juin 1734, à l’âge de dix-huit ans, en l’église Sainte-anne-de-la-Pocatière, avec Louis Moreau, né le 2 septembre 1707, fils de Jean-Baptiste et Marie-Anne Rodrigue. Louis décède à 29 ans et est inhumé le 23 juillet 1737 à l’âge de 29 ans.
De ce premier mariage de Marie-Catherine, deux enfants Moreau naissent, deux garçons : Louis et Pierre Joseph Moreau.
Marie-Catherine se remarie le 24 novembre 1738 en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière, avec Joachim Leclerc dit Francoeur, fils de Jean-Baptiste Leclerc et Marie-Madeleine Langlois. Marie-Catherine est décédée le 28 mars 1769 à La Pocatière.
De son deuxième mariage sont nés sept enfants Leclerc, deux garçons et cinq filles : Catherine, Marie-Geneviève, Charlotte, Jean, François-Joseph, Madeline et Angélique.
Les deux maisonnées de Marie-Catherine sont installées sur une terre à La Pocatière. Cette terre ou ces terres n’ont pas été localisées par L’AFS.
- Geneviève Soucy
Geneviève est née le 23 mai 1718 à Rivière-Ouelle. Elle est décédée le 18 mai 1719, âgée de douze mois seulement, à Québec.
- Charles-François Soucy
Charles-François est baptisé le 9 octobre 1721 en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Il est décédé le
20 septembre 1753 au Fort de la Presqu’île, Ohio, États-Unis.
- Jean-Baptiste Soucy.
La seule donnée que nous avons retrouvée pour Jean-Baptiste c’est celle de son baptême le 26 janvier 1725 et en l’église Sainte-Anne-de-la-Pocatière .
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L’héritage généalogique de Pierre Soucy et Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain : trois lignées descendantes – Article de Gaëtan Soucy (Membre 224)
À la suite des recherches et nouvelles découvertes faites simultanément par Jean-Eudes Soucy (membre 302), dont les articles à ce sujet sont parus dans les éditions 2017 et 2018 de La Source et Gaëtan Soucy (membre 224), dont l’article suit ci-dessous, l’AFS est arrivée à la conclusion que Charles François n’a pas eu de descendance parce que Germain n’était pas son fils.
Dans un article paru dans l’édition d’avril 2005 du bulletin La Source, Alain L. Soucy décrivait ce qu’il appelait les « quatre maisons ancestrales » issues du mariage de Pierre Soucy et d’Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain.
Pierre Soucy, le fils de Jean Soucy dit La Vigne et de Jeanne Savonnet, avait épousé Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain le 13 janvier 1699 à la Rivière-Ouelle. Des cinq fils issus de ce mariage, l’auteur de l’article en retient quatre comme ayant eu chacun une descendance qui perdure encore de nos jours. Il s’agit, selon lui, de:
- Pierre Soucy, baptisé le 7 février 1702 à la Rivière-Ouelle, inhumé le 27 mai 1764 à Kamouraska, marié à Marie Jeanne Michaud le 20 juillet 1723, à la Rivière-Ouelle;
- Joseph Soucy, baptisé le 19 juillet 1704 à la Rivière-Ouelle, inhumé le 21 juillet 1745 à La Pocatière , marié à Marie Madeleine Mignier dite Lagacé le 7 janvier 1727, à La Pocatière;
- Jean François Soucy, baptisé le 14 février 1712 à la Rivière-Ouelle, inhumé le 8 septembre 1758 au même endroit, marié à Marie Claire Rousseau le 3 juillet 1735 à L’Islet;
- Charles François Soucy, baptisé le 9 octobre 1721 à La Pocatière, inhumé au fort Presqu’île le 20 septembre 1753, marié à Marie Angélique Lizotte vers 1745 à un endroit indéterminé.
En résumé, tous les Soucy à travers le monde se réclamant de notre ancêtre Jean Soucy dit La Vigne et Jeanne Savonnet, sont également tous des descendants de certains fils de Pierre Soucy et d’Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain. La descendance de Guillaume, le seul autre fils issu de l’union de Jean et Jeanne, s’est éteinte dans les mâles en 1754 et bien auparavant dans les femmes (voir à ce sujet l’article sur Jean-Baptiste Soucy engagé à sept ans, paru dans le bulletin La Source, édition de 2016).
Si les trois premières lignées ci-dessus mentionnées sont bien documentées et établies, il n’en va pas de même de celle de Charles François Soucy et de Marie Angélique Lizotte. L’examen attentif de cette lignée laisse apparaître des failles importantes qui ne peuvent être ignorées ou laissées à une interprétation approximative. La question est importante car il s’agit de déterminer si la lignée issue de Charles François Soucy et Marie Angélique Lizotte a véritablement existé, comme il est mentionné dans article ci-dessus mentionné. N’oublions pas que, de nos jours, il se trouve des Soucy se réclamant de ces ancêtres avec d’autant plus de fierté que Charles François Soucy est décédé en 1753 à la défense du fort de la Presqu’île, sur les rives du lac Érié, en Pennsylvanie actuelle, à la veille de la guerre de la Conquête (1756-1763).
En d’autres mots, existe-t-il bel et bien « quatre maisons ancestrales » issues de Pierre Soucy et Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain ou seulement trois? Et si la réponse est trois, à quelle lignée appartient Germain Soucy? Je m’attacherai, dans cet article, à résoudre cette énigme.
Examinons en premier lieu les éléments dont nous disposons dans cette affaire mystérieuse et jetons un coup d’œil sur les principaux personnages concernés par cette recherche.
Que savons-nous de certain à propos de Charles François Soucy? Baptisé le 9 octobre 1721 à La Pocatière, il est le fils de Pierre Soucy et d’Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain. Selon l’article ci-dessus mentionné, il se serait marié vers 1745 avec Marie Angélique Lizotte avec laquelle il aurait eu un fils, Germain, futur époux de Marie-Dionne et Marie Louise Lepage Lafosse. Charles François Soucy a été inhumé le 20 septembre 1753 au fort de la Presqu’île, sur les rives du lac Érié, en Pennsylvanie actuelle. Ce fort avait été construit cette année-là en même temps que deux autres forts pour renforcer la défense de la Nouvelle-France dans la vallée de l’Ohio, l’Angleterre disputant parfois avec violence la souveraineté de la France dans cette région fertile. Même si on ne se battait pas encore ouvertement et que l’on était encore en paix, les escarmouches dans cette région entre Français et Anglais étaient fréquentes.
Quant à Marie Angélique Lizotte, elle est née le 22 février 1732 à La Pocatière, fille de Joseph et de Marie Françoise Dancosse. Elle a épousé Augustin Roy Desjardins Lauzier, fils d’Augustin père et de Louise Boucher Demonbrun, le 12 novembre 1753 à La Pocatière. Apprenant la mort de son époux, Charles François Soucy, moins de deux mois auparavant au fort Presqu’île, Marie Angélique Lizotte aurait convolé en justes noces avec le fils Roy Desjardins, selon l’article ci-dessus mentionné.
On peut s’étonner de l’empressement de cette dernière à se remarier si tôt après le décès de son époux. Mais il faut bien admettre qu’en se remariant alors avec Augustin Roy Desjardins fils, dont le père était capitaine de milice, elle entrait dans l’une des bonnes familles de La Pocatière (le père de Marie Angélique Lizotte était lui-même major et capitaine de la milice de Saint-Roch- des-Aulnaies).
Contrairement à la coutume du temps, l’acte de mariage du 12 novembre 1753 ente Augustin Roy Desjardins fils et Marie Angélique Lizotte, ne mentionne pas que celle-ci était la veuve de Charles François Soucy. Au lieu d’un mariage en bonne et due forme, Marie Angélique Lizotte aurait-elle eu plutôt, une liaison avec Charles François Soucy, dont le petit Germain serait l’enfant naturel? Selon l’article cité ci-dessus, le mariage du couple ou leur liaison serait survenu vers 1745. La naissance du petit Germain daterait donc de 1746, environ.
Marie Angélique, née en 1732, n’aurait eu que 13 ou 14 ans lors de son mariage ou sa liaison avec Charles François Soucy. Il semble bien peu probable, en cette époque de mœurs austères, que Marie Angélique Lizotte, mère célibataire, chargée vraisemblablement du petit Germain âgé alors d’environ sept ans, aurait été accueillie à bras ouverts dans la famille de ce dernier, l’une des plus en vue de La Pocatière en 1753.
Il convient de noter qu’aucune banque de données généalogiques ne fait mention d’un acte de mariage entre Charles François Soucy et Marie Angélique Lizotte. De la même manière, on ne retrace, en nulle part, un acte de baptême d’un Germain Soucy issu de ce couple. Par contre, on retrouve, dans les banques de données du PRDH, entre autres, un Jean Germain Soucy, baptisé le 13 février 1743 à La Pocatière, fils de Joseph et de Marie Madeleine Mignier dite Lagacé.
Dans son article, Alain L. Soucy se base uniquement sur l’acte de mariage en date du 16 février 1767 entre Germain Soucy et Marie Dionne, pour établir la filiation de ce dernier avec Charles François Soucy et Marie Angélique Lizotte. Dans cet acte de mariage, le curé de La Pocatière, l’abbé Joseph Trutaut, mentionne explicitement que Germain Soucy est le fils de « feu François Soucy et de Marie Angélique Lizot ». Il mentionne bien : feu François et non feu Charles François.
Il faut noter qu’il y avait déjà un Jean François Soucy, appelé aussi « François », fils de Joseph et de Marie Madeleine Mignier dite Lagacé mais comme il était déjà marié depuis 1735 à Marie Claire Rousseau et qu’il était bien vivant en 1753, l’auteur de l’article a assimilé le « feu François Soucy » de l’acte de mariage de 1767 à feu Charles François Soucy et non à Jean François Soucy, son frère.
Que nous apprend encore l’acte de mariage de Germain Soucy et Marie Dionne? Que les témoins à ce mariage ont été André Soucy, Charles Soucy, Louis Michaud, Jean Dionne, Alexandre Dionne et François Dionne. L’abbé Trutaut ne mentionne cependant pas le lien de parenté entre Germain Soucy et les deux témoins du marié, André et Charles Soucy.
Par bonheur, le hasard fait parfois bien les choses et nous fournit enfin la clé de l’énigme.
Germain Soucy, fils présumé de Charles François et de Marie Angélique Lizotte s’est marié deux fois et à chaque fois, avec une veuve. Sa première épouse, Marie Dionne, était veuve de Jean Baptiste Paradis au moment de son mariage avec Germain, le 16 février 1767. La malheureuse Marie Dionne décédera après seulement 7 mois de mariage, forçant Germain à se trouver une autre compagne.
Sa seconde épouse, Marie Louise Lepage Lafosse, était veuve de Joseph Côté, lors de ce mariage célébré vers le 3 janvier 1769. À noter que l’acte de mariage de ce second mariage reste introuvable, la date du 3 janvier 1769 est celle du contrat de mariage passé entre les époux; le mariage a dû être célébré dans les jours suivants. C’est avec sa seconde épouse que Germain Soucy aura un fils appelé comme lui, Germain, lequel sera l’auteur d’une descendance qui se perpétue encore de nos jours.
Selon l’habitude du temps, lorsque l’un des époux était veuf ou veuve et, à plus forte raison, lorsque des enfants étaient impliqués, les parties convenaient souvent de signer un contrat de mariage. Le conjoint survivant pouvait avoir non seulement des enfants mais aussi des biens hérités du défunt. Il s’agissait, pour les parties, de déterminer les droits et obligation de chacun des époux et des enfants existants ou à naître, bref, de déterminer qui avait droit à quoi. On était très pointilleux, en ce temps-là, sur les questions d’héritage et de partage du patrimoine. Or, Germain Soucy a conclu deux contrats de mariage avant de se marier avec les veuves ci-dessus afin de pourvoir à ces détails.
Le premier contrat de mariage passé devant le notaire Joseph Dionne, entre Germain Soucy et Marie Dionne, est en date du 6 février 1767 (le mariage allait être célébré le 16 suivant). Il nous apprend, entre autres choses, que Germain Soucy n’avait pas, à ce moment, l’âge requis de 25 ans pour comparaître seul et qu’il avait besoin d’être représenté à son contrat de mariage par quelqu’un de la famille, âgé d’au moins 25 ans. Or, le notaire Dionne mentionne très clairement que Germain Soucy est représenté PAR SON FRÈRE, André Soucy, vraisemblablement le même André Soucy mentionné à titre de témoin à l’acte de mariage daté du 16 février 1767.
Dans le second contrat de mariage, passé le 3 janvier 1769 devant le notaire Michel Saindon entre Germain Soucy et sa seconde épouse, Louise Lepage Lafosse, le futur époux a atteint 25 ans et n’a plus besoin d’être représenté par l’un ou l’autre de ses frères aînés. Le notaire Saindon inscrit néanmoins explicitement au contrat que Germain Soucy est « LE FILS DE FEU JOSEPH SOUCY ET DE MARIE-MADELEINE MIGNIER DITE LAGACÉ ». Je pense que cette déclaration a été faite à l’acte notarié spécialement pour corriger la mention incorrecte de l’abbé Trutaut deux ans auparavant, à l’acte de mariage du 16 février 1767, à l’effet que Germain Soucy était le fils de « feu François et de Marie Angélique Lizot » et dissiper la mauvaise impression laissée par cette erreur.
À cette déclaration pour le moins éclairante, ajoutons que parmi les témoins présents lors de la signature de ce second contrat de mariage se trouvaient deux autres frères de Germain : Pierre et Prisque Soucy.
Le doute n’est plus permis. Germain Soucy, époux de Marie Dionne et de Marie Louise Lepage Lafosse, est l’individu qui a été baptisé sous le nom de Jean-Germain, le 13 février 1743 à La Pocatière, fils de Joseph Soucy et de Marie-Madeleine Mignier dite Lagacé et qui avait moins de 25 ans lors de son mariage en 1767. C’est son frère aîné, André Soucy, baptisé le 27 décembre 1735 à La Pocatière, qui l’a représenté lors du contrat de mariage du 6 février 1767 et qui était également son témoin lors du mariage avec Marie Dionne, une dizaine de jours plus tard.
S’il reste encore des sceptiques à confondre, précisons que la combinaison de deux frères, l’un appelé Germain, âgé de moins de 25 ans en février 1767 et l’autre, appelé André, âgé de plus de 25 ans à la même date avec, en plus, deux autres frères nommés Pierre et Prisque mentionnés comme témoins au contrat de mariage du 3 janvier 1769, ne se trouve que dans la famille de Joseph Soucy et de Marie-Madeleine Mignier dite Lagacé et elle seule, exclusivement.
J’ajouterais même que le Charles Soucy mentionné avec André Soucy comme témoin à l’acte de mariage de Germain Soucy et Marie Dionne en date du 16 février 1767, était le frère d’André et de Germain, baptisé sous le nom de Charles François, le 14 janvier 1745 à La Pocatière et décédé le 19 mars 1833 à Saint-Pascal (Kamouraska). Ce Charles François était donc le neveu de l’autre Charles François décédé au fort de la Presqu’Île en 1753.
Il faut aussi mentionner que la banque de données du PRDH a bien noté l’erreur de l’abbé Trutaut. On y mentionne, bien sûr, les noms de François Soucy et Marie Angélique Lizotte comme parents de Germain Soucy mais lorsque l’on clique sur les noms de ces deux derniers pour davantage d’information à ce sujet, le site nous renvoie immédiatement à Joseph Soucy et Marie Madeleine Mignier dite Lagacé.
On peut se demander comment l’abbé Trutaut a pu se tromper dans les noms et prénoms des deux parents, père et mère, de Germain Soucy à l’acte de mariage du 16 février 1767. Pour une gaffe, c’en est toute une et elle est d’autant plus difficile à corriger qu’un acte de mariage est un acte authentique faisant foi de son contenu, c’est-à-dire qu’à sa face même, l’information qu’il contient doit être considérée comme exacte et n’a pas à être prouvée. Mais l’erreur est humaine et, dans le cas qui nous occupe, elle est évidente. Elle est d’autant plus surprenante que l’abbé Trutaut avait l’obligation de faire la lecture de l’acte de mariage devant les mariés et les témoins présents ce jour-là. Il est étonnant que personne n’ait relevé, à ce moment, l’erreur manifeste du curé. Peut-être que l’abbé Trutaut était un homme sévère, intimidant et que personne n’aura voulu l’indisposer de peur d’être rabroué en lui soulignant son erreur. Enfin, on ne saura sans doute jamais le fond de l’histoire.
Conclusion
Vu ce qui précède, on peut affirmer sans l’ombre d’un doute que Germain Soucy n’a jamais été l’enfant légitime ou naturel de Charles François Soucy décédé au fort de la Presqu’île en 1753 et de Marie Angélique Lizotte et, qu’il n’y a jamais eu ni mariage, ni union de fait, ni lignée issue de ces deux personnes. Germain Soucy, époux de Marie Dionne, puis de Marie Louise Lepage Lafosse appartient définitivement à la descendance de Joseph Soucy et Marie Madeleine Mignier dite Lagacé.
La conclusion finale qui s’impose en regard de cette recherche est celle-ci : Pierre Soucy et Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain n’ont eu que trois fils ayant laissé une descendance et non quatre, savoir : Pierre (Marie Jeanne Michaud), Joseph (Marie Madeleine Mignier dite Lagacé) et Jean François (Marie Claire Rousseau).
À cela, il faut néanmoins ajouter un léger bémol car Pierre Soucy et Élisabeth Ursule Fouquereau dite Urbain ont eu un autre fils, Jean Baptiste, baptisé le 26 janvier 1725 à la Pocatière, qui semble n’avoir laissé aucune trace de son passage sur terre, hormis son acte de baptême. Il est possiblement mort en bas âge mais son acte de sépulture est introuvable. Certains registres contenant les baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de La Pocatière pour certaines années ont malheureusement été détruits lors de l’invasion anglaise de 1759. Après la Conquête, on a bien tenté de reconstituer les années manquantes dans la mesure du possible mais il a été impossible de refaire le travail au complet. Il est possible que l’acte d’inhumation de Jean Baptiste Soucy ait été définitivement perdu à ce moment-là.
Mais, permettons-nous de rêver un peu!
Jean Baptiste, s’il a atteint l’âge adulte, aurait-il pu se faire voyageur, comme d’autres individus épris de liberté et passer sa vie dans les Pays-Hauts, la région des Grands Lacs, à faire le commerce avec les Amérindiens? Aurait-il pu vivre en toute liberté dans ces vastes étendues sauvages avec, comme compagne, une jolie Amérindienne et y fonder une famille avec descendance, sans se préoccuper de faire baptiser leurs enfants? Rien ne permet de le croire présentement mais l’attrait de l’aventure et des grands espaces sauvages est parfois si irrésistible…
Sources
Toutes les informations généalogiques ci-dessus proviennent des sources suivantes :
- Ancestry-ca: https://www.ancestry.ca/
- Programme de recherche en démographie historique (PRDH): https://www.prdh-igd.com/fr/accueil
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ): http://www.banq.qc.ca/accueil/